Monday, April 21, 2008

La semaine de Pâques "Christos Anesti"


Le Lundi saint est consacré au nettoyage de la maison. On se prépare aux festivités prévues à la fin de la semaine.

Le Mardi saint, on assiste aux vêpres où se déroule la sainte-onction. Comme le Christ qui bénit le pain, l’huile et le blé, les trois éléments fondamentaux et vitaux, le prêtre bénit à son tour les fidèles avec de l’huile sainte.

Le Mercredi saint, les femmes confectionnent des biscuits secs, koulouria, ainsi que la brioche nationale, tsoureki, à l’occasion des fêtes pascales.

Le Jeudi saint correspond, dans les évangiles, au dernier repas pris par Jésus avec ses disciples avant son arrestation, jour du procès du Christ par Ponce-Pilate et de sa mise en croix. A cette occasion, le pain et le vin furent bénis. Le prêtre lit des extraits des douze évangiles et pendant l’office, il simule le parcours du Christ portant sa croix, effectuant ce trajet autour de l’église. Après la messe du jeudi soir, les femmes et les jeunes filles pieuses se rendent à l’église pour préparer, en vue de l’enterrement du Christ, un cercueil en forme de lit à baldaquin en bois, décoré d’une multitude de fleurs, «l’épitaphe», devant lequel les fidèles viendront s’incliner.

C’est aussi le jour où la maison est décorée avec soin et les œufs sont teint en rouge. En Grèce, les œufs teints en rouge font partie intégrante de la tradition pascale et ont gardé leur importance ; ils sont présents dans tous les foyers. On place souvent au centre des brioches, tsourékia, un œuf peint en rouge. Dans certains villages, on accroche aux portes des maisons un voile rouge, symbole des vêtements du Christ.

On offre aux enfants une lambada (cierge de couleur décoré d’un petit jouet) et une paire de chaussures ou une tenue neuve.

Le Vendredi saint, jour de deuil, les chrétiens commémorent la passion et la mort du Christ par « l’adoration de la croix ». Ce jour est celui du jeûne austère : personne ne mange de mets sucrés et le repas se compose de lentilles et de vinaigre, dont la signification respective sont les larmes du Christ et le vinaigre qui servait à humecter ses lèvres asséchées. On n’utilise ni marteau, ni clou ou aiguille, en souvenir du martyr du Christ. Après la messe de 11 heures, le Christ est descendu de la croix par le prêtre et il sera enveloppé dans un linceul. Le prêtre le portera sur son dos et pendant un rituel le tournera trois fois autour de l’autel. Les croyants grecs se prosterneront alors devant l’épitaphe et recevront la bénédiction en même temps que quelques brins de fleurs qu’ils conserveront tout au long de l’année en guise de porte-bonheur.

La Descente de Croix

milieu du XVIIIe s.

La Passion du Christ : le Christ mort soutenu par trois anges

Domenikos Theotokopoulos (El Greco) 1566

Le vendredi soir après l’office, chaque église sort son épitaphe, précédé de la croix de laquelle on a descendu le Christ, et entame une procession accompagnée par une fanfare qui joue un chant funèbre que l’on pourrait assimiler à une sorte de reconstitution symbolique de l’enterrement du Christ, laquelle sera suivie par une multitude de fidèles dans un recueillement intense.

Tout au long de la procession, les fidèles jettent des fleurs et parfument l’épitaphe, tout en tenant dans leurs mains des cierges de couleur jaune-orange et en psalmodiant pendant toute la durée de la procession.

Le Samedi saint, à l’obscurité se substitut la lumière, c’est la grande messe de la Résurrection. La sainte Lumière arrive de Jérusalem par avion et est accueillie par l’archevêque de Grèce pour être ensuite distribuée dans toutes les églises de Grèce continentale et insulaire, les prêtres l’utiliseront lors de la messe de Résurrection

A minuit, le pope allume un cierge et apporte la Lumière en annonçant la Résurrection du Christ : « Christos anesti » (le Christ est ressuscité) et les fidèles massés devant l’église lui répondent : « Alithos anesti » ( en vérité, il est ressuscité) et les cloches carillonnent sans relâche. On bénit aussi l’eau qui devient à son tour eau nouvelle. Le cierge du pope sert lui-même à allumer les lambades (cierges pascaux) de couleur blanche des fidèles et les autres lumières de l’église, célébrant ainsi la sortie des ténèbres et le retour de la «Lumière» qui symbolise «la Vie éternelle, le renouveau, le pardon universel et la Rédemption». Les fidèles s’embrassent et un feu d’artifice clôture la célébration. Après l’office, tard le soir, les fidèles rentrent chez eux avec leurs cierges allumés. Avant de pénétrer dans leur demeure, ils tracent une croix à l’aide de la flamme de la bougie sur le linteau de la porte d’entrée puis allument la mèche d’une veilleuse espérant qu’elle restera allumée tout le reste de l’année. Enfin, on se retrouve à table autour de la mayiritsa, soupe d’entrailles d’agneau et de laitues, plat pascal par excellence. On distribue à chacun un œuf peint en rouge. Tenu dans la main droite fermée, en laissant dépasser de moitié, le but est de ne pas le briser à son extrémité lorsqu’on le cogne avec un autre. Celui qui réussit à garder son œuf intact aura de la chance.

Le Dimanche pascal se déroule dans une ambiance bonne enfant, les familles se retrouvent autour de l’agneau pascal entier rôti à la broche. Le kokoretsi (abats d’agneau enveloppé dans un boyau), les koulouria et le tsoureki accompagnent ce méchoui des grands jours.

Dès le matin, dans les jardins, les cours ou sur les trottoirs les hommes s’activent et se relaient mutuellement autour de l’agneau, tournant inlassablement la broche du barbecue en trinquant un verre de vin à la main.

En fin de journée, les fidèles assistent à l’office de la «seconde résurrection» : celle d’une résurrection symbolique de l’amour humain.

11 comments:

Anonymous said...

J'aimerais une part de "tsoureki" pour remplir mon vide-spirituel.
J-P briocho-petto

fishfish said...

Dis donc gourmado-petto, fini le lumbago!

Anonymous said...

Cela me rappelle un roman de Nikos Kazantsakis (vérifiez l'orthographe, l'auteur de Zorba le grec)):
" Le Christ recrucifié" , cela se déroule sur une île grecque.
Je crois qu'il re-finit en brochette dans le roman. A méditer...
"Si tu croises le Christ, crucifies-le", au moins tu feras des économies d'ascèse, de clous et patatas...
J-P pas-croix-petto

fishfish said...

Oui Nikos Kazantzaki
il a écrit aussi "lettre au greco" qui j'adore (rien à voir avec Juliette) greco-petto

philippe said...

Oui,c'est bientôt la Pâque orthodoxe.
j'ai surtout retenu ce qu'est l'épitaphe.

Anonymous said...

Très intéressant tout ça !
Merci Fish Fish de nous partager cela avec grand coeur et aussi rapidement après ma demande expresse.
Toutes ces photos sont magnifiques, colorées, et le côté gustatif de la fête, ce doit être qq chose sûrement...
Ce doit être une belle période de vie pour toi non ?
Merci merci, c'est sympa.
A bientôt.

fishfish said...

Oui, une bonne et mauvaise époque !

Anonymous said...

Yes, car quand tu termines en "agneau pascal rôti", c'est difficile de ne pas prendre pour vraies les flammes qui te lèchent les fesses...
J-P agnus-petto

Anonymous said...

encore des histoires de tourne broche..... ?

fishfish said...

YES, il est conseillé si possible de ne pas descendre de la croix avant être 100% rôti. Il parait que de se réhabituer aux flammes , c'est le plus dur!!!! Hihaaaaaaaaaaaaaaaa

Anonymous said...

hi hi hi hi !!!! Je reste les bras en croix car je ne crains pas les chatouilles ! ni même les flamme d'ailleurs.....
ha ha ha ha ha !!