Friday, January 18, 2008

INTO THE WILD


Je suis allée voir ce film, magnifique et boulversant, que je conseille à toute la sangha. Je suis encore sous le choc !
Il y est beaucoup fait référence à Thoreau, alors voici quelques lignes sur lui et de lui.

«Personne, dit Thoreau, ne mène une vie complète.»

Ce n’est évidemment pas une vie remplie de fadaises et de sottises, de bruit et de fureur, ou encore consacrée exclusivement à la préparation d’une nouvelle génération…Ce qui prime, c’est une économie de vie – le désir, la détermination de sortir le plus possible des impositions, de tout ce qui mène, à plus ou moins longue échéance, à une solidarité dans la médiocrité. Thoreau veut se laisser aller à la «gravitation universelle»; il ne veut plus vivre dans l’aspiration et dans l’espoir, il veut être «unanime». Il cherche une harmonie, un temps, un espace où il n’y aura plus de discordance. Et il termine son programme en disant qu’il n’y a pas encore de mots, de concepts, pour ce dont il a l’intuition. Ce programme doit se traduire en poème, le poème de sa vie:

Être dehors à l’affût non seulement de l’aube, mais de la Nature elle-même.
Être inspecteur d’averses de pluie et de tempêtes de neige.
Être l’arpenteur, non de grands axes de communication, mais de sentiers dans les bois.
Être le reporter d’un journal qui n’a pas une très grande circulation.
Essayer de capter le message du vent.
Suivre la piste d’un chien, d’un cheval, d’une tourterelle perdus depuis longtemps.
Se tenir sur la ligne de rencontre de deux éternités, celle du passé et celle de l’avenir; connaître le moment présent; jouir du vif de l’instant.


C’est dans le but d’agrandir sa vie que Thoreau s’en va à l’étang de Walden, autour des berges duquel il va faire ce qu’il appelle ses «promenades mythologiques». C’est à la fois pour retrouver son enfance et l’«enfance du monde». N’acceptant pas de s’inscrire dans les cadres de la vie sociale, il va s’écrire et tenter de découvrir ses latitudes et ses longitudes. « Sois un Colomb pour toi-même, dit-il, ouvre de nouvelles voies, non pour le commerce, mais pour la pensée.»

11 comments:

Stéphane said...

Je n'ai pas encore lu Walden (ça me taraude à présent)...et pourtant la cabane de Thoreau m'est connue, famillière ...
En ce moment j'ai commencé à lire le petit livre "la maison sur la montagne, une vie d'ermite" de Michel Jourdan (éd. le Relié poche)

Anonymous said...

Superbe ces lignes de Thoreau, un vrai programme! Je vais aller voir le film c'est sur.
Bonne lecture Stéphane, je l'ai lu il y a longtemps à l'époque où j'avais encore du mal à m'insérer...

Stéphane said...

Merci Yannick, c'est évident que cette lecture touche deux aspects (opposés !) chez moi :
-le désir de repli, de me refermer, de fuite les situations, idéalisation de la vie seul au milieu de la nature...
- le besoin de simplicité, d'approfondir le contact avec la nature, la vie, de me recentrer...

...il y a du Dr Jekyll & M Hyde !

Anonymous said...

Être seule dans la nature est une grande peur pour moi, à visiter...
Ça me fait prendre la pleine mesure de mon incommensurable impuissance, mais en fait pas la peine d'aller au fond des bois pour faire cette expérience !
La vie se charge de me montrer mon impuissance tous les jours mais je peux feinter, esquiver, faire comme si. Dans la nature, confrontée à sa force implacable, plus de possibilité de se cacher, on ne peut plus tricher, on doit se confronter à tous ses rêves et toutes ses peurs.

philippe said...

Bonjour,
C'est la grande leçon de faire face aux situations.
En ce moment Dieu,me teste sans doute ds le rôle pas évident où je suis.
J'ai expérimenté le fait de marcher seul ds la nature sur le chemin de St jacques.
Il y avait des jours mémorables seul avec la nature et des coups cafards des fois où j'avais besoin de la compagnie et des fois tout le contraire.
J'aimerais tant retourner sur ce chemin mais avec une jambe pas terrible,alors je remts cela entre les mains de Dieu.

Anonymous said...

Je reviens du cinéma! Une des grandes phrases que j'ai retenu :"Le bonheur n'est réel que partagé".

Anonymous said...

Oui, Yannick. J' ai retenu la même phrase...
J' ai aussi vu dans ce film à quel point l' on peut être "sur le fil"... en constante recherche d' équilibre... la difficulté est bien de voir l' orgueil. D' ouvrir le coeur, comme on le peut...
Bien à toi, bien à vous
Brigitte

Anonymous said...

Marie et moi sommes allé voir le film. FORCE. J'ai trouvé beaucoup, beaucoup d'éléments VIVIFIANT, la fin bascule :(bien sûr j'aurais aimé que son parcours se déploie comme celui de Ram Dass par exemple...)je la sens positive,oui, positive.
Je pensais aussi aux parents du véritable Christopher, peut-être que leur blessure s'adoucit avec ce film.

Mabes said...

merci pour ce texte Corinne, merci pour vos commentaires très éclairants... j'ai commencé Walden, il faut donc aussi que j'aille au ciné...oui, je suis persuadée que nous sommes foncièrement impuissants et que c'est à cette vérité que l'on peut puiser notre force d'acceptation.
martine

Anonymous said...

Je crois que la reconnaissance complète et totale de notre impuissance est le point fondamental de la pratique spirituelle. C'est ce qui nous rend libre de la peur et paradoxalement nous permet de ressentir notre force, notre capacité d'amour et d'action. Mais tant que ce n'est pas complètement intégré dans le coeur, on s'accroche, on cherche à maitriser ce qu'on peut, à s'assurer.
C'est le long chemin pour arriver à poser les armes, à se rendre à ce qui est.

Anonymous said...

Superbe vos commentaires, Mrs et Mr Fish, très touché.
Cela me confirme dans mondésir d'aller "savourer" ce film.

Je vous embrasse. J-P wildo-petto