Si ce jour là je respire encore,
J'irai couvrir de baisers
"LE statut" de la Liberté
(version dimitri)
Bubling with Joy.
Toute communauté, toute famille, toute sangha connaît un premier temps où prédomine un sentiment de confiance spontanée entre ses membres. Il peut durer quelques mois, plusieurs années parfois.
Chacun se montre sous son meilleur jour, attirant ainsi l'approbation et l'estime des autres.
Puis cette confiance est mise à l'épreuve : des incompréhensions surviennent ; l'accord devient difficile. Une tension émerge et grandit.
Il est capital alors de mettre la difficulté au grand jour sans l'occulter.
Pour que cette épreuve débouche sur un enracinement dans la communauté, sur une consolidation de la communauté,
il doit y avoir une reconnaissance réciproque de sa faiblesse, une expérience du pardon mutuel.
Si tout est enfoui, la crise se résoudra par un durcissement des relations.
Les Pères du désert avaient bien vu cet enjeu :
« Deux frères vivaient aux Cellules. L'un des deux, un vieillard, proposa à l'autre qui était un jeune homme : "Habitons ensemble, frère". Mais il répondit : "Père, je suis un pécheur : je ne peux vivre avec toi".
- "Si nous le pouvons", insista l'ancien. Or c'était un homme chaste qui ne tolérait pas d'apprendre qu'un moine ait eu des pensées d'impureté.
Le jeune frère lui dit donc : "Laisse-moi une semaine, et nous en reparlerons".
La semaine terminée, l'ancien se rendit chez le frère. Mais celui-ci voulut sonder ses dispositions :
- "Père, commença-t-il, cette semaine je suis tombé dans une grande tentation. Parti au village pour affaire, j'ai péché avec une femme".
L'ancien lui demanda : "Veux-tu t'en repentir ?" Et comme l'autre le promettait, il lui dit : "Je porterai la moitié de ce péché". Alors le frère lui dit : "Je sais maintenant que nous pouvons vivre ensemble". Ce qu'ils firent jusqu'à la mort » (N. 346)1.
Chacun se rend compte qu'il a du prix pour les autres.
Sr MARIE-ANCILLA
1. Les sentences des Pères du désert, 1966;p. 248-24